Journal Le politique : Pouvez-vous nous parler du contenu de la convention et les missions de MWANGAZA en générale ?
Idrisse Moussa : La convention signée entre d’une part, Tacquidine Subira alias Tsinguiri, producteur délégué de la série intitulée pour le moment « bahati ya huvendzewa tsi nyzngu » ; et d’autre part, la société de production audiovisuelle Mwangaza Sarl, en qualité de producteur exécutif, a pour objet justement de définir les rôles et missions de chacune des deux parties. En ce qui nous concerne, notre mission est de nous assurer du bon déroulement du tournage, cela va de la pré-production de la série à la post-production. Ce qu’il faut savoir, c’est que réaliser un film demande énormément de boulot. Il y a un travail de repérage et de découpage qu’il faut faire en amont et au préalable. Nous allons nous en occuper, mais entre-temps il faut d’ores et déjà convoquer les acteurs pour la prépa. C’est la phase dite de la pré-production. Pendant la phase de la production, nos missions seront encore nombreuses, compliquées et diversifiées, parce qu’en plus de nous occuper des lieux, des décors et du matériel pour le tournage, il faudra s’occuper des besoins techniques comme les déplacements et des convocations pour les acteurs. Pour le dire autrement, Mwangaza est chargée de composer un planning de tournage qu’il devra respecter.
Journal Le politique : Dr, Vous pensez pouvoir finir le projet en combien de mois ? Sinon, y aurait-il besoin de renforcer vos équipes ?
Idrisse Moussa : D’abord, il faut savoir que nous travaillons avec un producteur délégué – Tacquidine Subira alias Tsinguiri – qui a aussi des préférences et des exigences en matière de temps et de calendrier. Sinon le projet en soit est conclu pour une durée estimée à 10 mois, dont trois mois pour la pré-production (repérage, découpage, prépa), trois mois pour le tournage et quatre mois pour la post-production. Nous avons commencé le travail depuis janvier, tout devrait être bouclé en fin octobre 2024. Mais la livraison des produits se fera progressivement. Une réduction du délai n’est donc pas à exclure.
Concernant le renforcement des équipes, j’ai confiance en la formation que nous avons reçue du CNPA (conseil national de la presse audiovisuelle) en matière de tournage. Ce n’est peut-être pas encore assez, mais nous devons faire nos preuves avant d’espérer en avoir plus. Néanmoins, nous ne sommes pas restés les bras croisés. En ce moment, par exemple, nous formons des techniciens de lumière et de son.
Journal Le politique : En marge du projet de la réalisation de cette série, ton livre : «le Poids du silence » aurait-il sa place dans cette série, non ?
Idrisse Moussa : Bien sûr, écrire est une forme de thérapie, vous dirait Docteur Anssoufouddine Mohamed. Je reste convaincu que Tsinguiri est de ceux qui osent briser le silence. Il raconte, pas simplement une histoire, mais le quotidien du comorien. L’histoire que nous raconte Tacquidine dans cette série est celle de tous les enfants du monde, et ceux des Comores en particulier. Comme on le dit en shiKomori, « mwana tsi wa mdzima ». FERID, cet enfant innocent qui va subir toute forme d’injustice de la part de M. DARWESH, qui va finalement faire le bonheur de son bourreau en épousant sa fille. Ce poids que portera le petit FERID en silence jusqu’au mariage, n’est-ce pas notre quotidien ? Eh bien, c’est exactement le Poids du silence qu’il faut lire pour briser cet infernal continuum.
Journal Le politique : un petit bilan de MWANGAZA depuis sa création…
Idrisse Moussa : MWANGAZA SARL est une société de production audiovisuelle, immatriculée au registre du commerce et du crédit mobilier des Comores et qui a pour objectif la production, l’exploitation et l’édition de tout produit audiovisuel. Elle a été créée par Idrisse Moussa, qui en est le gérant, et Hortense Belhôte. Pionnière sur l’île dans le secteur, la société a bénéficié du soutien de l’Alliance Française de Mutsamudu, du Collectif du Patrimoine des Comores (CPC), du Conseil National de la Presse et de l’Audiovisuelle (CNPA) et l’Ambassade de France aux Comores entre autres, pour la réalisation d’une fiction moyen-métrage, SULTWANI.
Par le « projet SULTWANI », MWANGAZA SARL s’est engagé à alimenter la bibliothèque si lacunaire de l’Histoire des îles Comores en mettant en scène un épisode de l’histoire comorienne, notamment celui du sultan Abdallah Ier et du transfert de la capitale de Domoni à Mutsamudu. Mais au-delà de l’Histoire, MWANGAZA veut faire du quotidien insulaire la vitrine d’un peuple face au développement et à l’évolution du monde, en réconciliant l’histoire patrimoniale et la création contemporaine, à travers des films de fiction, des documentaires et des créations sonores. D’où la mise en place d’un concours de chant pour la fête de la musique qui en est à sa troisième édition cette année.
Depuis Avril 2022, l’ouverture d’un studio d’enregistrement et production de musique, avec le concours de chant, a ainsi permis à une dizaine de passionnés de musique d’exprimer leur talent et d’être connus dans l’île. Deux d’entre eux ont même pris part au concours Nyora, organisé par TARTIB. Aujourd’hui, MWANGAZA SARL c’est ainsi une maison de production qui veut s’affirmer dans l’audiovisuel. La confiance de quelques partenaires solides comme l’ONG DAHARI, la COI (Commission de l’Océan Indien), le CPC (Collectif du Patrimoine des Comores) ou encore LE POTIRON, qui nous ont fait confiance pour la réalisation de leurs produits, nous rassure en ce sens.
Propos recueillis par Nabil Jaffar