Azali Assoumani et son Rituel d’Effectuer les Prières de Vendredi dans nos Localités : Est-ce cela l’Émergence?

Aux Comores, le paysage politique est souvent teinté de traditions et de pratiques qui tissent le lien entre le pouvoir et la population. L’une des coutumes les plus remarquables du Président Azali Assoumani est sa participation régulière aux prières du vendredi, un moment sacré pour de nombreux musulmans. Cependant, l’interrogation qui se pose est de savoir si cet engagement spirituel constitue réellement un effort significatif vers l’émergence socio-économique ou s’il s’agit davantage d’une stratégie politique pour masquer l’inefficacité des actions gouvernementales.

Traditionnellement, les dirigeants africains s’investissent dans la communauté, favorisant le dialogue direct avec la population, célébrant les projets communautaires et soutenant des causes d’intérêt commun. Cette approche est censée renforcer la confiance entre le peuple et ses dirigeants, un aspect qui semble faire défaut dans le contexte actuel des Comores. Depuis 2016, le régime en place semble avoir emprunté une voie différente, marquée par des cérémonies religieuses qui, bien que symboliques, n’apportent pas de réponses concrètes aux défis auxquels les citoyens doivent faire face.

Chaque vendredi, le pouvoir organise des prières dans diverses localités du pays. Ces événements, bien que très suivis, soulèvent des questions quant à leur véritable objectif. S’agit-il d’un moyen d’asseoir son autorité religieuse ou d’une tentative de consolider la base électorale en se présentant comme un homme de foi soucieux du bien-être spirituel du peuple? La finalité des ces « tournées budgétivores », comme les appelle certains observateurs, demeure vague, et les critiques ne manquent pas. Que changent réellement ces prières dans le quotidien des Comoriens?

L’Union des Comores, tout en étant un pays à majorité musulmane, n’est pas exempt de préoccupations plus immédiates comme le chômage, l’accès à l’éducation, la santé publique et le développement infrastructurel. S’interroger sur le bien-fondé de ces pratiques ritualisées devient ainsi essentiel. Pendant que les citoyens attendent des solutions à leurs problèmes pressants, la dispersion de ressources financières sur des événements essentiellement symboliques peut sembler être un détournement d’attention.

Les résultats escomptés de telles initiatives en termes de développement socio-économique sont enveloppés dans un flou préoccupant. En quoi ces prières contribuent-elles à améliorer le niveau de vie des Comoriens ? Quelles mesures concrètes et tangibles ont été mises en place en parallèle pour répondre aux attentes d’une population en quête de mieux-être ?

Derrière l’apparente dévotion du Président se cache potentiellement une stratégie pour masquer les revendications sociopolitiques croissantes. En créant une ambiance de ferveur religieuse, le régime semble chercher à détourner l’attention des problèmes qui minent le quotidien des Comoriens, des questions de gouvernance, de droits humains, et d’exigences économiques essentielles.

La réponse à la question de l’émergence au sein du pays ne se trouve sûrement pas dans des rituels massifs, mais plutôt dans des actions structurées, réfléchies et orientées vers un avenir durable. Les Comores ont besoin de leaders capables de dépasser le simple exercice du pouvoir pour s’engager véritablement dans le développement de la nation. D’un autre côté, la population comorienne est conviée à rester vigilante et à exiger de ses dirigeants une véritable implication dans l’amélioration des conditions de vie.

En conclusion, un questionnement critique s’impose face aux rendez-vous répétés du Président avec la prière : véritablement, ces moments sont-ils un gage d’espoir pour l’avenir des Comores, ou ne servent-ils qu’à dissimuler une inaction persistante et une gestion déficiente? L’émergence d’un pays ne réside pas dans la répétition de rituels, mais dans la réalisation de projets concrets visant à donner à chaque citoyen l’opportunité de vivre dignement.

Djounaid Attoumane